La légende du laboureur

 

Il y a bien longtemps de cela , à l'époque où les pays ne portaient pas encore de noms, vivait un humble laboureur qui peinait à son travail tous les jours; il creusait et creusait ses sillions tant que le soleil brillait. Mais à force de creuser, le soc de sa charrue s'emoussait et il eprouvait le plus grand mal à poursuivre ainsi sa tâche...
il se disait qu'il lui faudrait un soc neuf, mais il ne possédait la moindre sol et son seigneur etait bien trop peu soucieux de ses serfs pour repondre à une telle requête.....
Un jour, alors que l'aube pointait et qu'il comêmeençait son labeur, le soc, fragilisé, butta dans le sol et se brisa.
Le laboureur maudit l'affreuse pierre qui se cachait dans le sol et qui brisa son outil de travail, en maugréant il enleva les debris et decida d'extriper l'obstacle du sol.
Il fouilla et gratta la terre meuble de ses doigts gourds et arrivant à son but, fut pris d'une grande stupeur.
En effet ce n'etait pas une pierre mais une vieille épée qu'il trouva là.
Malgré son âge sans doute tres ancien, elle conservait sa forme originelle et seul un peu de rouille piquait la solide lame.
Le laboureur, surpris dans un temps par cette decouverte, reprit ses esprits; malgré cette belle decouverte son soc etait toujours dans le même etat, brisé en deux, et ce n'est pas cette epée qui va labourer les prairies.....
A cet instant, une idée germa dans l'esprit du laboureur; apres tout cette epée fera un tres bon soc! le métal est bon et il fendra tout aussi bien la terre qu'un coûteux appareillage!
le laboureur , content de son idée et de ce don du ciel , prit une cordelette et fixa l'epée à sa charrue et reprit son travail avec une nouvelle aisance, car cette épée etait le plus merveilleux outil de substitution qui pouvait exister!
Les jours passèrent et l'appareil tenait bon , fendant les prairies et les vallons qui appartenaient au puissant seigneur local.

Un jour celui ci vint a passer, de retour de la chasse et passa sur un chemin qui longeait le champ sur lequel le laboureur s'affairait, le laboureur le salua comêmee de rigueur et reprit son travail.
A ce moment le seigneur tourna le regard en direction de son sujet, un regard plein de dedain et de mépris....mais bientôt ses yeux fixèrent l'etrange outil que possedait ce serf!
il tira la bride de son cheval et s'avanca au pas en direction du vilain

"serf! dit il, peux tu me dire avec quoi laboures tu? voila un bien etrange soc!"
"mon maître, dit le laboureur en baissant les yeux, voila une épée que j'ai denichée en labourant votre prairie, celle ci etait profondement enterrée et elle brisa mon ancien soc; n'ayant plus de quoi fournir mon travail je réutilisais judicieusement cette trouvaille"

Le seigneur fut surpris et vit imêmeediatement dans cette épée un signe divin, un l'instar de la legende d'attila le mongol, qui jadis, vint jusqu'ici avec ses hordes sauvages.
Cette épée , qui sert à la plus vile des tâches, pourrait lui servir à acquerir une force légendaire et ecraser le puissant seigneur voisin dont il jalouse les terres et les bois.

"donne moi cela, serf, tu ne sais pas ce que cela represente"
"pourquoi la donnerais je? elle m'est d'un plus grand secours et sans elle je ne pourrais pas fournir le travail dont je vous suis rentable.....ou alors fournissez moi un soc de charrue neuf et je vous la donnerai..." dit timidement le laboureur

le seigneur eclata en un rire formidable

"du chantage maintenant? "
puis il reflechit et dit au laboureur de l'attendre ici et qu'il allait lui ramêmeener un soc neuf lui même et il pertit au galop , soulevant la poussière du chemin.
Le laboureur n'osait à peine y croire! finalement ce seigneur là n'est pas si mechant que cela !
Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit arriver le seigneur en tête d'une lourde escorte de gens armés!
Il descendirent de leurs chevaux et malmenèrent le pauvre laboureur, se moquant de lui, lui crachant au visage et le ruant de coups. Apres cela, ils arrachèrent l'épée de la charrue et la remirent au seigeur qui la saisit et la regarda avec convoitise; il allait enfin acquerir une force phenomenale et ecraser son vil voisin!
Il mit aussitôt son escorte en branle et partit à la conquête du castel ennemi, l'epée magique levée vers le ciel....

lorsqu'ils furent parti le pauvre laboureur, extenué, se releva tant bien que mal et se mit à pleurer d'une telle injustice....qu'allait il devenir maintenant , lui, l'esclave sans travail.....promi sans doute au sort atroce que l'on reserve à ceux jugés inutiles.....

à mesure que le seigneur, en tête de son escorte, avançait par monts et par vaux pour accomplir son destin, le ciel se chargait d'enormes nuages noirs comêmee corbeau.Le seigneur y voyait là le signe d'une bataile imêmeinente dont il serait vainqueur avec l'aide du ciel qui allait se dechaîner en même temps que sa fureur surnaturelle acquise par cette épée.

lorsque le château fut en vue, il rassembla ses cavaliers armés en ligne ; tous etaient confiants, malgré le ciel qui s'obscursissait de plus en plus.
Les yeux remplis de folie, le seigneur leva son epée droit vers le ciel pour lancer l'assaut meurtrier....
....et c'est à ce moment qu'un grand éclair blanc vint frapper la pointe de l'arme et foudroya son impétueux porteur dont il ne resta plus que cendres; car même les riches piéces d'armure du seigneur devinrent poussière; il n'en restait rien....sinon l'épée qui n'avait même pas été noircie par le choc de la foudre!
effrayés les gens en armes galopèrent à bride abattue vers leurs foyers , essayant d'echapper à une malediction qui planerait desormais sur leur tête.....

le laboureur, assis au bord du champ vit passer les cavaliers qui semblaient fuir un ennemi invisible, mais ne vit pas le puissant seigneur dans ce tumulte de chevaux et d'homêmees......
toujours est il qu'il ne savait toujours pas que faire et cela lui serrait le coeur, car un serf qui ne travaille pas, c'est la potence assurée....
Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsque , se relevant et se retournant vers ses foyers, il vit sa charrue munie de son incroyable soc; l'épée s'etait fixée comêmee par enchantement!
la joie lui gonfla le coeur et il remercia de nouveau le ciel.
Il put de nouveau reprendre son travail, même s'il n'entendait plus parler de ce seigneur qui fut si méchant à son egard.

les terres labourées donnèrent un blé si beau et doré qu'il faisait la fièreté du serf et de son nouveau seigneur; ancien ennemi de son maître precedent et qui avait recuperé bon nombre de terres apres la mort surnaturelle de celui ci.

un jour il demanda au laboureur comêmeent ce blé pouvait être si beau ; le laboureur lui montra son outil peu comêmeun et lui repondit qu'il y avait là peu d'explications rationelles....
Le seigneur lui demanda s'il ne prefererait un nouveau soc , plus enclin à ce type de travail!
le laboureur lui reponditt que non, et que cette épée etait tres bien à sa place

le seigneur, bon enfant , rit et ajouta que le laboureur avait raison et que même si les choses et les homêmees semblent predestinés à une chose; on est parfois bien surpris qu'ils degagent toute leur utilité à d'autres destins , inconcevables si l'on ne se tient qu'a leur seul aspect

le laboureur ne comprit pas tout; mais il comprit qd même qu'il pouvait garder ce don du ciel à la terre pour la rendre fertile à d'autres choses que des guerres".

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